LA NAISSANCE DES RITES

Autrefois, les gens ne voyageaient pas, ils restaient dans leurs villages. A part les nobles, les moines et les rois, personne ne savait lire. Ils n’avaient pas d’information. Ils avaient peur de la nuit car ils croyaient que tout pouvait s’arrêter et ils craignaient aussi la mort. Ils craignaient que le temps ne s’arrête, que les fantômes ou les génies ne les attaquent. Pour vaincre ces peurs, ils inventèrent des traditions, des rituels qui se faisaient sous forme de «gestes», de fêtes ou d’actes plus ou moins secrets. En faisant cela, ils avaient moins peur.

L’IMPORTANCE DU PRINTEMPS

Il y a très longtemps, avant que le christianisme ne s’implante, c’était le sorcier du village qui devait prier pour que les saisons apparaissent. Quand l’hiver arrivait, il faisait certains gestes pour que le temps reprenne et que le printemps revienne. Après, il devait se débrouiller pour que sa communauté ait une bonne année. Mais lorsque les sorciers ont disparu, les mascarades ont continué. Ce sont ces fêtes d’hiver qui se déroulent de janvier à Carnaval. Plusieurs fois dans l’histoire, et encore assez récemment, elles ont été interdites mais, la foi païenne profondément ancrée dans l’homme de la campagne a toujours vaincu toutes les oppositions ou s’est arrangée avec la religion.

Ces fêtes servaient aussi pour la fécondité : sur trois enfants nés, deux mouraient de maladie courante. Tous les hommes sont hantés par la mort et ont peur des fantômes et des revenants. En se déguisant en «monstres», les hommes vont chasser les «esprits errants» du village.

Autrefois, d’ailleurs, les gens ne se mariaient qu’en début d’année : Il fallait suivre l’exemple de la Nature et faire comme les animaux qui vivent autour de nous.

A QUOI SERVENT-ILS? QUEL EST LEUR RÔLES ? QUEL EST LEUR TRAVAIL ?

Rituels païens :

Ces rituels ont généralement un but expiatoire, c’est-à-dire pour purifier ce qui est impur, ainsi que pour détourner le mal. Ils représentent souvent le mariage entre les forces masculines et les forces féminines, la fécondation, l’accouchement et le culte du nouveau-né (Noël) En Autriche, seuls les hommes peuvent revêtir les costumes de Diables. Ils jouent et dansent selon la tradition, à travers les villages, et accomplissent ainsi le rituel de bénédiction pour une bonne santé et une prospérité de la terre, des humains, des animaux et des plantes. Ils viennent chasser les forces du mal, les mauvais esprit, les maladies et la mort afin l’année suivante connaisse le renouveau du de la vie, du printemps et de la naissance et la résurrection (Jésus Christ).

La danse et les mouvements représentent la force de fertilisation et de fécondation de l’homme. Selon les coutumes et les pays, plusieurs personnages peuvent être représentés comme le jeune marié, le guerrier héros, le diable, le brigand, le prêtre, la sage-femme, les jeunes filles… . Souvent munis de bâtons ou de branches, ils frappent ou fouettent les amis et les jeunes filles pendant le cortège. Ceci pour chasser les mauvaises influences et les maladies. Ainsi ils resteront en bonne santé et auront une meilleure fertilité.

En Autriche, les Diables on les mains enduites de graisse noire et barbouille le visage des spectateurs dans le même but. Ils passent parfois de maison en maison surtout chez les paysans où ils accomplissent des danses afin chasser les mauvais esprits et les souillures laissées par la saison morte qu’est l’hiver.

Rituels religieux :

(voir sous cloches) Ces rituels païens se sont mélangés au cours des siècles avec la religion chrétienne. Ils sont célébrés avec la fête chrétienne de la Saint Nicolas, Saint Nicolas étant le protecteur des enfants (Histoire) et annoncent Noël avec la naissance de Jésus. Saint-Nicolas est cependant toujours accompagné du père Fouettard ou de quelques sorcières qui, de leurs branches, viennent effrayer et fouetter les enfants qui n’ont pas été assez sages. En Autriche, ce sont les Diables (Perchte –Perchta) et les sorcières qui ont ce rôle.

Carême :
Période de pénitence, d’abstinence, qui va du mercredi des cendres au jour de Pâques.

Les cendres :
On leur attribue diverses fonctions : purification, protection contre la putréfaction et la rouille, germination, renaissance. Les cendres sont associées au feu.

Tout ce qui est associé à la mort relève du symbolisme de l’éternel retour…

Relève et place prise par les plus jeunes :

Ces coutumes ont un rôle social important : elles canalisent les peurs, l’agressivité et permettent aux jeunes de prendre leur place en assurant la relève des plus vieux pour perpétuer la tradition. Les carnavals assurent également cette fonction.

LES COSTUMES

Sont préparés et confectionnés par les participants eux-mêmes, certains en peau de bouc, et d’autres en épis de maïs. Ils montrent beaucoup d’adresse, de fantaisie et de sens de l’esthétique. Ils tiennent très chauds et peuvent peser jusqu’à 100 kilos. Les masques doivent faire peur et avoir l’air féroce. Les costumes sont souvent décorés de cloches ou de grelots (on verra pourquoi) Poils La prolifération des poils représente une manifestation de la vie végétative, instinctive et sensuelle.

Cornes

Cornes : Symbole de puissance, d’élévation et de force. Les guerriers et certains grands conquérants (les gaulois, Alexandre Le Grand) ont porté des casques à cornes afin de bénéficier de leur magie et de s’approprier de leur force. Elles ont ainsi symbolisés les armes et l’agressivité nécessaires pour revenir vainqueurs des combats. Dans de nombreuses cultures, Egypte, Inde, Chine, les cornes de bovidés sont reliées à la mère divine et marquent la présence de la grande déesse de la fertilité. Les cornes évoquent les forces vitales, de la vie inépuisable et de la fécondité. Les cornes symbolisent généralement la féminité de par leur forme lunaire, à l’exception des cornes de bélier dont la forme est solaire et symbolise alors le mâle, ainsi que certaines cornes de boucs lorsqu’elles sont noueuses et de belle envergure.

Cloches

Cloches : Les cloches symbolisent la sagesse, la féminité et l’harmonie. Les mascarades où chaque personnage porte des sonnailles se sont multipliées au court du temps, car elles ont un rôle protecteur très important : protection du bétail, réveil de la nature, éloignement des mauvais esprits, des maléfices et des «sauvages». Peu à peu, rites païens et religion chrétienne se sont mêlés. Les cloches sont apparues dans les villages et les villes car elles ont des effets protecteurs : elles éloignent la grêle, préviennent des dangers… Alors les gens en ont installé dans les clochers des églises, symbole de la religion chrétienne. Mais malgré les cloches, si le village ne faisait pas de mascarade, les villageois pensaient qu’ils ne seraient pas protégés de tous les malheurs ! Les cloches à battant évoquent tout ce qui est suspendu entre le ciel et la terre et qui les unit, les relie. Elles possèdent encore le pouvoir de communiquer avec le monde souterrain. Le bruit des cloches a , de façon universelle, un pouvoir d’exorcisme et de purification. Il éloigne les mauvaises influences. Le bruit des cloches est souvent associé à celui des tambours.

Le bouc

Le bouc: Tout comme le bélier, le bouc symbolise la puissance génésique, la force vitale, la libido, la fécondité. Si le bélier est diurne et solaire, le bouc est nocturne et lunaire Pour des raisons qui échappent à l’histoire, le bouc a été associé à un art en lui donnant son nom : la tragédie, mot qui vient du grec et qui signifie littéralement « chant du bouc ». Dans la Grèce antique, lors des fêtes de Dyonisos (dieu grec de la vigne, du vin et du délire) le chant du bouc était accompagné du sacrifice de la bête. L’animal a été longtemps associé aux forces reproductrices puis son image a été pervertie et associée à la luxure. D’animal puissant et respecté, il est devenu un symbole d’abomination, puant et accompagné du Diable, le Diable représentant pour l’église chrétienne, le dieu du sexe, de l’impureté et de la malédiction. Ceci particulièrment au Moyen-Age, où le démon était décrit comme portant l’odeur forte et âcre du bouc. Le Moyen-Age chrétien fait triompher l’aspect néfaste et nocturne du bouc, avec l’image du mâle en perpétuelle érection qui, pour se calmer, a besoin de trois fois quatre-vingt femmes. Cependant, les tabous sexuels de cette époque ne sont pas parvenus à éliminer les aspects positifs du bouc et transmis par de nombreuses traditions populaires dans de nombreux pays. En Inde, en Afrique, en Pays méditerranéens, le bouc représente l’animal fétiche qui joue le rôle de protecteur : on ne le frappe pas, on ne l’ennuie pas car il intercepte tout le mal qui arrive, comme un paratonnerre qui attire et canalise la foudre afin qu’elle ne blesse personne. Plus il est barbu et puant, plus il est efficace ! (Notion de bouc émissaire)

ET AUJOURD’HUI?

Ayant vécu leur enfance au milieu de ces croyances, beaucoup de gens de la campagne sont partis vivre en ville. Ils ont continué à se déguiser comme à la campagne et, petit à petit, leurs costumes sont devenus de plus en plus beaux. Vêtus de bout de tissus de toutes sortes, sales et déchirés, l’Arlequin est devenu une gravure de mode. Les gens des villes n’ont plus su pourquoi ils faisaient les fêtes. Pas indispensable dans la ville, le carnaval a perdu le côté «obligé» du monde rural puisque ne pas le faire porterait malheur. Pendant longtemps, la fête n’a plus eu d’utilité. La ville a organisé des bals de Carnaval. On y voit de jolis masques, de beaux habits et parfois, on retrouve des monstres. Mais cette fête n’a pas le même sens. On met un masque non pas pour protéger la vie de son groupe, de son village, mais uniquement pour ne pas se faire reconnaître, pour s’amuser…

La mascarade est une fête essentiellement rurale qui a un but magique, accompli par les adolescents et les jeunes adultes pour attirer tout ce qui peut être bénéfique : de bonnes récoltes, de nombreux animaux, beaucoup de bébés.

…voulez vous voir plus…?!?!.